Le Massif de Zaghouan dans l’histoire
La Préhistoire
La présence humaine dans le Massif de Zaghouan remonte à la préhistoire, ce qu’attestent les résultats des missions archéologiques menées dans la région de Zaghouan par de nombreux chercheurs et scientifiques dans les années 80 du siècle dernier.
Des fouilles ultérieures dans les collines entourant le bassin moyen de l’Oued Méliane (وادي مليان) ont permis la mise à jour à proximité du barrage Bir Mcherga (بئر مشارڨة) non seulement de plantes et animaux fossilisés, mais aussi d’outils façonnés par des hommes préhistoriques, entre autres des pierres taillées en forme de hache. Des hommes vivaient donc bien à Zaghouan à l’ère de la civilisation acheuléenne, c’est-à-dire il y a 100 000 ans.
L’Association Randonnée et Environnement de Zaghouan a exploré dans les montagnes, à plus ou moins grande profondeur, plusieurs grottes, dont les peintures et sculptures pariétales sont vieilles de 4 000 à 5 000 ans. D’autres peintures rupestres sous abri ont été découvertes à proximité de l’Oued Méliane (واد مليان), de l’Oued Kenz (واد الكنز) et à Jbibina (الجببينة) dans la région de Bouslama (بوسلام)
“La présence humaine dans le Massif de Zaghouan remonte à la préhistoire”
La ville de Zaghouan (مــدينــة زغــــوان).
Les Racines
Nul doute que les racines de la ville de Zaghouan plonge dans l’histoire très ancienne. Après leur arrivée sur les côtes tunisiennes, les Phéniciens ont peu à peu étendu leur influence sur l’arrière-pays, donnant ainsi naissance à la civilisation punique, un mélange des cultures autochtone et phénicienne qui prospéra dans l’est du bassin méditerranéen pendant un millénaire.
Les Puniques ont cultivé oliviers et céréales dans les riches plaines, comme la vallée de l’Oued Méliane (وادي مليان). On trouve encore des traces de leur présence dans la ville de Zaghouan. Puis sont venus les Romains qui ont laissé de nombreux vestiges : villas, thermes, temples, théâtres.
“Les Puniques ont cultivé oliviers et céréales dans les riches plaines, comme la vallée de l’Oued Méliane (وادي مليان).
De Guerres à la Prospérité
Les habitants de ces régions se sont latinisés et Rome accorda à plusieurs de leurs villes, dont Zaghouan, l’antique Ziqua construite sur la pente nord du Jbel Zaghouan, le statut de « municipe » qui leur accordait une plus grande autonomie.
On peut encore voir aujourd’hui les ruines de Ziqua, et tout particulièrement le schéma architectural de l’époque romaine. La région fut ensuite occupée par les Vandales de 439 à 533, puis par les Byzantins, qui restaurèrent l’aqueduc.
L’expansion musulmane atteignit Zaghouan quand Moussa Ibn Nossayr (موسى ابن نصير) conquit la citadelle. Sous les Hafsides, la ville connut la prospérité, surtout avec l’arrivée des Andalous.
LE TEMPLE DES EAUX ET AQUEDUCS
Un Chef D'OEuvre Architectural
Le Massif de Zaghouan, situé dans la partie orientale de l’Atlas qui traverse toute l’Afrique du nord, est un réservoir d’eau où jaillissent de nombreuses sources. Dans l’Antiquité déjà, il jouait le rôle de « château d’eau » de Carthage.
Après une terrible sécheresse, l’empereur Hadrien, qui régna de 117 à 138, décida de capter l’eau des sources de montagne pour l’acheminer jusqu’à Carthage (قرطاج). L’eau de la source de Zaghouan (عين زغوان) était collectée dans un grand bassin autour duquel se dressait un temple de forme arrondie s’insérant dans la combe où il était construit. Il était orné de statues aujourd’hui exposées au Musée du Bardo.
Rôle Vital
L’acheminement de l’eau se faisait par un réseau d’aqueducs souterrains et aériens, long de près de 132 km et conçu pour assurer un débit journalier de 32 000 m3. La branche de Zaghouan rejoignait à Mograne (مقرن) la branche du Jouggar (جققر). La canalisation (90 cm de large et 170 cm de haut, percée de regards et pourvue de cuvettes de décantation) était soit posée à même le sol, soit souterraine ou encore portée par des arches pour franchir les vallées. Devant les vestiges des aqueducs romains qui surplombent à 50 mètres de hauteur la vallée de l’Oued Méliane, le visiteur comprend la prouesse architecturale accomplie par les constructeurs qui ont calculé avec précision sur toute la longueur du réseau la déclivité (0,29 %) nécessaire à un écoulement régulier de l’eau sans jamais que le débit ne soit violent. Certains considèrent que les aqueducs sont les pyramides de la Tunisie. Ils sont incontestablement des constructions exceptionnelles et témoignent de la pérennité de la présence humaine en Tunisie, et en particulier dans la région de Zaghouan.
Le Temple des eaux a été érigé sur un lieu de culte préromain situé à l’écart de la ville. Avec les Romains, s’est développée l’habitude de construire des édifices religieux au centre des villes. La tradition s’est perpétuée jusqu’à nos jours dans les civilisations qui se ont succédé. C’est le cas de l’église chrétienne du 19ème siècle qui se trouve au centre de la ville de Zaghouan, en concordance avec l’usage européen.
Le très pieux Waliy Sidi Ali Azouz
Nabou El Hassan Ali Ibn Mohammed (أبو الحسن علي بن محمّد), nommé Azouz en référence à son grand-père, est né à Fès au Maroc à une date que les sources ne mentionnent pas. C’était un croyant, un homme très pieux et un sage, qui consacrait sa vie à Dieu et à l’amour du prophète, avant d’embrasser la voie soufie et de suivre le chemin des mystiques, de prêcher la parole juste et d’appeler les gens à se rapprocher de Dieu.
C’était un croyant, un homme très pieux et un sage, qui consacrait sa vie à Dieu et à l’amour du prophète, avant d’embrasser la voie soufie et de suivre le chemin des mystiques, de prêcher la parole juste et d’appeler les gens à se rapprocher de Dieu.”
On raconte qu’à son retour de pèlerinage, il s’est établi à Zaghouan où il a acheté une maison. Il organisait régulièrement des cercles soufis. On dit également que le prince Mohammed Bachar, dit le Hafside, a assisté à l’un d’eux lors d’un passage dans la région de Zaghouan et qu’il y a ordonné la construction d’une zaouïa, où se trouve jusqu’à aujourd’hui le tombeau de Sidi Ali Azouz. En raison de sa grande notoriété, tous les habitants de Tunis se sont joints, lors de sa mort en 1710, à son cortège funèbre. Le bey, alors malade, a envoyé son frère pour le représenter aux funérailles. Le saint homme a été inhumé à l’endroit même où il est mort.
Le marabout du très pieux Waliy Sidi Bougabrine
C’est un site exceptionnel, tant par sa géographie, un étagement de terrasses à la nature préservée, que par la vie culturelle qui s’y déploie. On y trouve un marabout consacré au très pieux Waliy Sidi Bougabrine (الوليّ الصّالح سيدي بوقبرين) d’origine marocaine, qui a participé à la conquête musulmane. Il est l’un des principaux monuments religieux témoignant de l’importance historique et culturelle du gouvernorat de Zaghouan. Tous les ans, des familles organisent, autour de ce marabout, des cérémonies à caractère religieux (zarda – الزّردة ) à l’occasion d’événements importants dans leur vie.
“On y trouve un marabout consacré au très pieux Waliy Sidi Bougabrine (الوليّ الصّالح سيدي بوقبرين) d’origine marocaine, qui a participé à la conquête musulmane.”
Y viennent aussi des visiteurs tunisiens et étrangers, pour la plupart Libyens, Algériens et Marocains, pour visiter le marabout et Bir Sidi (بئر سيدي). Outre les nombreux chercheurs et touristes venus de Tunisie et de l’étranger, le marabout attire tous les dimanches d’octobre à mai 600 à 700 visiteurs de la région. Il contribue ainsi grandement au développement de l’écotourisme national en raison des manifestations culturelles et des activités diverses organisées à cette occasion.
Le village enchanteur de Sidi Médiane (سيدي مدين)
Il est situé sur le versant sud de la Montagne de Zaghouan, alors que la ville de Zaghouan est sur le versant nord, à 8 km du village Bir Halima (بئر حليمة), au centre de la frontière sud du gouvernorat. La présence humaine dans le village de Sidi Médiane remonte à la préhistoire, et c’est pour cette raison qu’il est considéré comme l’un des sites archéologiques les plus importants de la région de Zaghouan.
“ La présence humaine dans le village de Sidi Médiane remonte à la préhistoire, et c’est pour cette raison qu’il est considéré comme l’un des sites archéologiques les plus importants de la région de Zaghouan.”
Plusieurs sépultures constituées de pierres assemblées en cercle y ont été découvertes. Sur la Montagne de Sidi Zid (جبل سيدي زيد), ce sont des sépultures surmontées d’une petite pyramide de pierre taillée en forme de maison qui ont été trouvées peu de temps auparavant et qui remontent approximativement au 2ème millénaire avant J.-C., c’est-à-dire avant l’arrivée des Phéniciens sur les côtes tunisiennes. Plusieurs outils façonnés à l’âge de la pierre, c’est-à-dire il y a plus de 100 000 ans, ont été trouvés dans la région de Sidi Messaoud (سيدي مسعود). Pas loin du centre de cette zone, à 1,5 km à côté de la route, se trouvent les restes de deux mausolées, qui attestent la présence romaine dans ce village tout particulièrement, et dans la région de Zaghouan en général, comme d’ailleurs les ruines de deux tombeaux probablement érigés en l’honneur de riches notables romains. L’ancien nom du village est inconnu. Le nom Sidi Médiane, qui renvoie à celui d’un homme pieux, est relativement moderne, comparé à Beït Qassar Bader (بيت قصر بدر), un village voisin à flanc de montagne. Les noms des villages se sont succédés au rythme des civilisations, mais le choix stratégique de leur emplacement dans un environnement peu accessible et inhospitalier, comme à Kâf El Menâchir (كاف المناشير), a perduré, probablement parce qu’il offrait une protection contre les incursions ennemies et l’assurance de la survie. C’est d’ailleurs pour toutes ces raisons réunies, historiques, architecturales et environnementales, que le village attire les touristes, et elles gagnent à être mises en valeur.